Association Boukan - Danse et musique traditionnelle bèlè

Annou chanté bondjé épi bèlè nou an…


 



« Misyé labé di, i di, pé tanbou a !». Ce refrain, bien connu des maîtres du bèlè martiniquais, stigmatise un rapport longtemps entretenu entre l’église et la culture traditionnelle martiniquaise. Il rend compte d’une volonté manifeste de l’Église de maintenir close ses portes aux manifestations culturelles indigènes, autochtones. Une situation d’exclusive qui n’est pas propre à la Martinique. Dans beaucoup d’autres lieux culturels, l’Église se comporte avec le même désintérêt, déniant le partage et l’échange culturel. Cette situation finit par mettre le doigt sur un « complexe », au final une « faiblesse », voire une « erreur » manifestée par l’Institution catholique, refusant de considérer l’ouaille dans son appartenance culturelle, l’amputant de cette manière d’une partie fondamentale de son être.
Pour certains, cette situation a suffisamment duré et l’idée de pouvoir rendre un culte qui prendrait appui sur nos fondements culturels a ainsi fait du chemin. Le père Monconthour, de la paroisse de Josseaud, à Rivière-Pilote, bien connu pour ses prises de position en faveur de la revalorisation de la culture authentique au sein de l’église catholique, a eu l’idée de produire un disque qui s’inspirerait des musiques de la tradition et qui rendrait grâce au créateur. Une décision à tel point innovante, qu’elle a nécessité l’engagement de Monseigneur Méranville, pour convaincre les fidèles les plus récalcitrants, après que des pétitions ont circulé. Pourtant, « Lapriyè Papa nou », « Woulo bravo ba bondjé », « Limyè Jézi toujou la », tous ces titres tirés de « Bèlè Légliz », prouvent que l’idée avait du goût sur le plan esthétique et de la bonne conscience en matière de foi chrétienne. K’Zo Jean-Baptiste, l’une des chevilles ouvrières de « Bèlè Légliz » a son avis sur la question : « Quand le père Monconthour nous a proposé cette idée, nous avons tout de suite trouvé cela excellent. Marier bèlè et message liturgique, c’était un beau défi, autant sur le plan musical que sur le plan de la relation à Dieu. Et de fil en aiguille, l’idée ayant germé, nous avons établi un répertoire ».

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